La deuxième chaîne publique de Russie, Rossia, a manipulé les images du reportage sur la récente expédition sous-marine sous l'Arctique.
Décidément, ces russes, ils ont la manie de la manipulation photographique... on se souviendra du camarade Staline, qui avait fait enlever la figure du traître Trotsky des photographies où il apparaissait en compagnie du père de la Révolution, Lénine.
Est-ce qu'on assisterait, toute proportion gardée, à un nouveau type d'iconoclasme? Les iconodules aimaient à penser que les images du Christ étaient l'empreinte directe de la réalité divine, car elles étaient la copie fidèle d'une image archétypique du fils de Dieu, comme le Mandylion d'Edesse, ou la Vera Icona, qui n'étaient pas faites de la main de l'homme (achéiropoiète).
La photographie est-elle même réputée, à raison, comme une empreinte directe de la nature. Mais également, à tort, comme une empreinte fidèle de la nature. La manipulation de ces photographies ne pourrait-elle, dès lors, être considérée comme une espèce d'iconoclasme moderne?
Une telle manipulation suppose, de même que chez les iconoclastes, le refus du principe de la vérité des images. Mais autant ce refus avait, au VIIIe siècle ap. J-C, des raisons théologiques, autant il est le fruit, à notre époque, d'un simple cynisme qui ne se contente pas de détruire les images compromettantes par souci de vérité, mais se complaît au contraire dans l'illusion d'un empire fondé sur le mensonge.
5 commentaires:
Une photo ne peut que mentir.
Sans prendre de raccourci si rapide, je dirais que c'est la question de la vérité qui n'est pas claire. Et c'est intéressant l'histoire de la fidélité parce que en fait ce mot là vient du latin fides qui veut dire foi. Or, une image, une photo, nous transmettent un message, qu'il cache la vérité ou qu'il la dévoile, le tout c'est est-ce qu'on croit ou pas à ce qu'on voit... les crédules iconodules seront prévenus!
cela me fais penser au livre de théodore roszacj "la conspiration des ténèbres" !!!!
L'adéquation d'une image aux objets ou aux faits qu'elle prétend représenter est toujours difficile (souvent impossible) à vérifier. Dans tous les cas, une image qui n'est pas à proprement parler "fausse" pourra tout de même être accusée de partialité. Ce qui est souvent plus facile à contrôler, c'est l'origine d'une part et d'autre part l'intention qui a présidé à l'élaboration ou simplement au choix du document. Quand une vidéo vient de Poutine, on peut s'attendre à quelques distorsions...
=> Hervé-Philibert: Certes il est possible de connaître aisément l'origine d'une image, mais l'intention c'est parfois plus délicat: il ne faut néanmoins pas tomber non plus dans le "procès d'intention", sinon on risque facilement de sombrer dans la théorie du complot.
Quant au fait qu'une image corrresponde à ce qu'elle est censée représenter, le travail d'interprétation est peut-être parfois plus difficile, mais il reste possible: il y a des techniciens pour voir si une image est truquée ou non. Et des iconographes :-)
Et comme le souligne l'article du monde à propos de la récente vidéo sous l'arctique, ici le subterfuge a été découvert, semble-t-il, par un enfant qui a reconnu les images de Titanic! Comme quoi, un regard naïf sur les choses peut parfois aider. Quoique cette dernière information ressemble beaucoup, même si elle est certainement vraie, à un effet de manche du journaliste...
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