dimanche 28 juin 2009

Grimm par Quignard, Byatt... et Goble

Je retransmets une information dont les abonnés à la lettre d'information de José Corti auront déjà certainement eu vent. Le dernier numéro du Monde des livres, supplément du Monde paru en kiosque vendredi dernier, fait la part belle cette semaine à la nouvelle édition des contes de Grimm traduits par Natacha Rimasson-Fertin, qui comprend une interview avec la traductrice (où j'apprends qu'elle a été élue maître de conférences à Grenoble, bravo Natacha!) ainsi que deux articles signés par l'écrivain Pascal Quignard et la romancière A.S. Byatt. Du beau monde, donc, pour célébrer la parution de cet ouvrage tant attendu par les amateurs de contes.
Pour ceux qui ne trouveraient plus l'édition du Monde de vendredi en kiosque, on peut encore lire les articles sur le site du quotidien:

Interview de Natacha Rimasson-Fertin

Article de Pascal Quignard

Article de A.S. Byatt

Evidemment, le Monde (version papier) a choisi, pour illustrer les articles, une création d'un illustrateur... anglais! Quand je vous dis que l'on a tendance à ne voir les contes de Grimm qu'à travers le prisme des illustrateurs anglais! Ceux-ci ont sans doute été à la fois les plus nombreux et les plus talentueux à mettre en images ces contes. Surtout, les livres illustrés anglais ont très probablement (un autre chantier de recherche...) connu une meilleure diffusion que les livres illustrés allemands, qui rend leur style d'illustration plus familier que celui des illustrateurs allemands.
En l'espèce, c'est une illustration de Warwick Goble, contemporain de Rackham, Dulac, Robinson, etc., qui a été choisie, illustration qui met en images le conte du Roi Grenouille, qui ouvre la collecte des frères Grimm (KHM 1).

mercredi 10 juin 2009

Quand Henry Selick lit Neil Gaiman

Neil Gaiman, le très carrollien auteur du récent American Gods, publiait en 2002 un roman court intitulé Coraline (qui s'est vendu comme des petits pains) : l'histoire d'une petite fille qui découvre un passage vers un autre monde curieusement identique au sien, à la différence que ses parents ne la contrarient jamais et qu'ils ont des boutons de mercerie à la place des yeux.
Un sujet de rêve pour Henry Selick, le réalisateur notamment de L'Etrange Noël de Monsieur Jack, qui s'en est emparé avant même la publication du roman. Ce prodige du "stop motion", technique d'animation qui consiste à donner vie à une marionnette en filmant image par image, a tourné pour la première fois avec des caméras numériques. Coraline sort aujourd'hui en salles, et je lis dans Le Monde une chronique assez enthousiaste de Thomas Sotinel, aux yeux duquel le résultat est virtuose en ce qui concerne la modélisation des marionnettes, l'animation des volumes et le travail sur la matière.
Chaussez vos lunettes 3D, si votre salle propose un visionnage en relief, et surtout n'oubliez pas vos yeux d'enfants, atout majeur pour se glisser dans ce monde parallèle qui promet d'être féérique et virevoltant !

samedi 6 juin 2009

Grimm à nouveau sur les ondes

Une nouvelle lecture, après celle de décembre dernier, de la nouvelle traduction des Grimm (Corti, mai 2009) a lieu prochainement sur les ondes, il s'agira cette fois-ci du conte "L'alouette qui chante et sautille" (Das singende springende Löweneckerchen), ainsi que du bien-connu "Raiponce" (Rapunzel) ; ça se passe dimanche 7 juin (demain soir), de 17h30 à 18h00, sur France-Culture, bien évidemment.

lundi 1 juin 2009

Le chien de la nuit

Récemment, mon beau-frère, un pâtre odiniste, est descendu de ses montagnes pour venir rendre visite à sa famille en région tourangelle... Après avoir causé de cuisine médiévale et de la réintroduction problématique des ours dans les Pyrénées, la conversation a tourné vers la musique. Je lui ai fait connaître Comus, il m'a fait connaître Moondog. Et j'ai été conquis par l'histoire de ce musicien-compositeur aveugle et sdf, ayant vécu la majeure partie de sa vie à New York, et mort en Allemagne, réfugié à la fin de sa vie dans la vieille Europe. Il était doté d'une très longue barbe, et, pour éviter qu'on l'appelle Jésus, il a décidé un jour de s'habiller en viking. Son surnom: le "Viking de la 6e Avenue".


Voilà pour le folklore. La musique, elle, si elle n'est pas non plus impressionnante de complexité (pour ce que j'en ai entendu, c'est-à-dire le cd éponyme avec compositions orchestrales datant des années 1960), reste très intéressante et novatrice pour l'époque. Vers la fin de sa vie, il a visiblement composé des canons nécessitant l'emploi d'un millier de musiciens sur près de neuf heures. Ayant fricoté à la fois avec le jazz et la musique du monde, il a également rencontré les principaux représentants du minimalisme américain, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass, chez qui il squattera pendant 3 mois. Encore un témoignage, s'il en était besoin, de l'influence, au cours des années 1960 et des années 1970, des cultures ethnologiques sur la culture et la contre-culture américaines, ainsi que de l'entremêlement de ces deux dernières: si Moondog reste peu connu du grand public, il aura une influence considérable sur un certain nombre d'artistes et de compositeurs, Janis Joplin et Charlie Parker reprenant, entre autres, certains de ses airs.

Avis, donc, aux amateurs de musique du monde, de musique psychédélique et de musique minimaliste: Moondog mérite plus qu'un rapide coup d'oreille, il mérite une attention soutenue, au même titre que d'autres personnalités marginales comme Zappa ou Vander.