dimanche 29 juin 2008

Crowley, Crowley, Crowley

Je pensais que l'intrusion d'Aleister Crowley au centre Georges pompidou relevait de l'accidentel, que c'était un événement sans lien avec d'autres... mais non, c'est à un véritable (même si très marginal!) engouement que l'on assiste actuellement à Paris. En lien avec l'exposition Traces du Sacré, une exposition de peintures de Crowley, retrouvées près de son "abbaye de Thélème" près de Cefalu, en Sicile, prend place au palais de Tokyo pendant un mois. Sauf que c'est pendant le mois de juin, et que le dernier jour, c'est aujourd'hui! Alors hâtez-vous si vous êtes intéressé, sachant que le Palais de Tokyo est ouvert de midi à minuit.

Crowley est loin d'être un grand peintre, mais ses oeuvres sont si rarement l'objet d'une exposition qu'il faut aller y faire un tour. Il y a notamment sa canne en bois sculpté, qui provient d'une collection particulière: autant dire que vous n'aurez quasiment plus l'occasion de voir autrement qu'en photo la canne du grand mage...
Je suis moi-même allé hier au palais de Tokyo, sur le conseil d'un ami avec qui j'assistais vendredi soir à la dernière soirée des concerts organisés pour John Zorn, à la Cité de la Musique. Dixit cet ami (je n'ai pas assisté aux autres soirées), c'était l'une des meilleures représentations de la semaine, avec le mardi soir, pour le concert "The Dreamers" avec Marc Ribot. La soirée Painkiller- Necrophiliac, avec Mike Patton, était semble-t-il décevante. En tout cas, celle de vendredi soir, intitulée "Magick", était à tomber par terre.
John Zorn

Pour une fois, John Zorn n'était pas sur la scène, et on a eu droit à un ensemble de compositions pour instrumentations classiques, toutes à thème occultiste... dont la dernière était interprétée par le Crowley Quartet. Il semble donc que l'influence de Crowley sur la musique ne se limite pas à la scène rock de Los Angeles des années 1970, ou encore à Throbbing Gristle, mais qu'il inspire également la musique savante, à travers un compositeur comme John Zorn.

Pendant la soirée, il y a eu d'abord un trio de violoncelles, pour une pièce intitulée "777", dédiée à John Dee, le célèbre kabbaliste anglais du XVIe siècle, puis "Gri-Gri", une pièce néo-chamanique pour percussions, avec le talentueux William Winant aux commandes. Ensuite, "Sortilège", pour deux clarinettes basses, et "fay ce que vouldras", une oeuvre pour piano seul interprétée par Stephen Drury, très impressionnant: je n'ai jamais vu un piano torturé et caressé de la sorte, avec une telle maîtrise. Enfin, "Necronomicon", la pièce la plus crowleyienne, interprétée par le Crowley Quartet, 3 violons et un violoncelle, a achevé de me convaincre du génie de John Zorn, et de la virtuosité de ses interprètes.

Un article sur Rue 89 nous dit que l'exposition du palais de Tokyo n'est qu'un avant-goût d'une prochaine exposition qui serait organisée sur les rapports entre arts d'avant-garde, occultisme et contre-culture rock... je ne sais pas d'où l'auteur a tiré cette information, dont il ne donne pas la source. Ca ressemble en tout point à l'exposition Traces du sacré: je me demande si Jean-Yves Camus, l'auteur de cet article, n'aurait pas pris cette dernière pour un "projet à venir", allez savoir pourquoi. En tout cas, si M. Camus ne se trompe pas, et qu'une nouvelle exposition sur ce sujet est organisée, ça vaudra vraiment le coup d'aller y faire un tour. A suivre...

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