Cet après-midi, après avoir lu au soleil sur la pelouse du parc des Buttes-Chaumont, j'ai parcouru une brocante/vide-grenier qui s'étalait sur tout un côté du parc. Et après avoir acquis une biographie de Dürer et un livre sur la théorie de l'image au Moyen-Âge, je suis tombé... sur l'intégrale de Sandman en version originale! Enfin presque, il manque visiblement le onzième volume paru bien après les dix premiers (en 2003, alors que la série a été publiée entre 1988 et 1996).
Dans le tas, il y avait également 2 volumes de Death, Black Orchid (toujours de Gaiman et McKean), un artbook sur les couvertures de Dave McKean, et deux ou trois comics sur Alice Cooper et Kiss. Le vendeur voulait visiblement se débarrasser de ce tas de comics anglais, parce qu'il m'a fait le tout à 15 euros! Si ce n'est pas de la chance, je ne sais pas comment ça s'appelle.
Bien évidemment, je ne saurais trop conseiller à ceux qui ne connaissent pas de tenter l'aventure de Sandman. C'est une série de bandes dessinées majeure du début des années 1990, qui a passablement révolutionné l'art du comics américain. Publiée chez Vertigo Comics, Sandman est une bande dessinée "adulte", dans le sens où elle est relativement difficile à suivre du point de vue narratif, très dense en informations, et s'autorise des passages particulièrement glauques et violents. Le scénario est de Neil Gaiman, un scénariste de bande dessinée qui fait également dans le roman, et les couvertures sont toutes de Dave McKean, un artiste exceptionnel. Les dessinateurs changent selon les épisodes et les volumes, ce qui donne un côté un peu "éclaté" à la série, mais qui est une démarche habituelle dans l'édition de comics.
L'histoire est celle d'un "éternel", le marchand de sable (autrement appelé Morpheus), qui est le rêve. Et comme il est le rêve, il détient un pouvoir considérable sur les hommes, que bien des entités, dans le monde, seraient désireuses de s'approprier.
Morpheus, un personnage imaginé par un amateur de The Cure
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Mélangeant allègrement les références historiques, religieuses, littéraires, artistiques, occultistes, et la simple description triviale de la réalité des hommes, faite de bonheurs simples mais également de viols, de drogue, de manipulation mentale et de folie, Neil Gaiman a construit un monde à la fois merveilleux et fantastique à partir du nôtre. Merveilleux, parce que tous les mondes s'y mêlent de manière cohérente, à la fois éclatée et continue - comme dans les rêves -; et fantastique parce que, très souvent, les rêves y tournent au cauchemar.
Mêlant onirisme et horreur, Sandman est un ovni dans le monde de la bande dessinée. Un ovni qui vole bien plus haut que la plupart des comics à la sauce super-héros - que par ailleurs je lis aussi, mais avec moins de respect et d'entrain. Un ovni qui a néanmoins daigné venir s'échouer dans un vide-grenier du 19e arrondissement, me réservant ainsi de nombreuses heures de délicieuse lecture.
On trouve de tout dans un vide-grenier, comme dans les rêves, comme dans Sandman. Ne dit-on pas que les rêves se trouvent dans le grenier de notre esprit?
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