jeudi 21 février 2008

Les bonheurs simples

Charlotte, en pleine révision de thèse, est très heureuse de constater que Thulé des Brumes d'Adolphe Retté est enfin numérisé sur Gallica. Il est vrai que l'attente a été longue: cela fait peut-être deux ans qu'il était indisponible à la BNF, car "en cours de numérisation". Enfin, tous les internautes vont pouvoir bénéficier de ce morceau d'écriture qui rassemble tous les poncifs littéraires possibles sur le merveilleux, vu à l'aune du symbolisme français. Pour avant-goût, l'incipit ampoulé de la première partie, "Fumées Nocturnes":

Ténèbre miséricordieuse, Charité aux yeux innocents dont les cils d'or filtrent des larmes pallidement lointaines, la Nuit épand à flots son silence pacifiant sur le sommeil agité de la ville. Les doigts ailés d'esprits subtils émeuvent les cordes filant haut de harpes délicates: il plane un épithalame inouï pour les noces d'une âme et du Mystère.

5 commentaires:

Gilles F. a dit…

Oui, c'est vrai que ça rappelle un peu la chanson des Tranxen 2000 composée par les inconnus:

http://www.youtube.com/watch?v=WousdWP-5vY

BS a dit…

Gilles > Manque plus que l'indispensable mouvement de cheveux...

François > Aaaaaah, moi, ya pas à dire, j'aime bien le symbolisme littéraire (je suis partagée sur le pictural). C'est compliqué, alambiqué au possible, mais ça garde une certaine poésie (que l'autre extrême n'a pas).

François a dit…

A noter, la forme adverbiale de l'adjectif "pallide", qui je crois a été inventée par notre ami Mallarmé au cours de sa traduction du poème "Le Corbeau" de Poe.

Gilles F. a dit…

bs> "l'autre extrême": tu veux dire, le naturalisme?

François> qu'est-ce que ça signifie au fait, "pallide"?

François a dit…

C'est un latinisme, qui veut il me semble tout simplement dire "blanc", ou plutôt "pâle, livide" (signification du mot latin).
Traduction du "Corbeau" de Poe par Mallarmé (dernière strophe): "Et le corbeau, sans voleter, siège encore, - siège encore sur le buste pallide de Pallas".
Mallarmé a inventé le mot pour des raisons évidentes de sonorité, alors que la traduction de Baudelaire adoptait un vocabulaire plus conventionnel: "Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas"
Tout ça traduction de Poe: "And the raven, never flitting, still is sitting, still is sitting on the pallid bust of pallas".

Dans le cas de Mallarmé, ça ressemble presque davantage à un anglicisme qu'à un latinisme. Dans celui de Retté, on remarquera l'absence - certainement apparente, voire volontaire - de sens de l'expression "dont les cils d'or filtrent des larmes pallidement lointaines".