jeudi 3 avril 2008

Rapport sur les dérives sectaires: satanisme et néochamanisme

Le nouveau rapport (2007) de la Miviludes vient d'être rendu public. Outre l'article habituel concernant les plus gros groupes sectaires, de type scientologie, moon, raël, etc., et l'information concernant les dérives de la pratique d'entreprise du coaching, deux passages m'ont semblé particulièrement intéressants: ceux concernant les pratiques néochamanistes d'une part, et les pratiques satanistes d'autre part. Ce qui est intéressant dans ces deux derniers cas, c'est qu'on n'a pas une seule, ou même plusieurs grosses organisations qui feraient la promotion de pratiques dangereuses, mais plutôt une sorte de "mode" indéterminée (passant par le new age
d'un côté, par la musique metal/gothique de l'autre), dans laquelle on retrouve, çà et là, des pratiques à caractère sectaire.

L'exemple du satanisme est sur ce point relativement évident : l'enquêteur de la Miviludes est bien en peine, à part quelques groupuscules néo-nazis de peu d'importance (ce qui n'enlève rien à leur pouvoir de nuisance, soit dit en passant), de citer le nom de véritables organisations fédératrices du satanisme en France. Dans ce contexte, donner des chiffres précis s'avère être un argument particulièrement fragile:

Aujourd’hui, en raison du secret dont s’entourent ces groupes, il est difficile d’en estimer le nombre et notamment celui des groupes structurés, mais les services spécialisés considèrent que le nombre d’adeptes de la mouvance satanique au sens large, toutes branches et chapelles confondues, est de l’ordre de 25 000 personnes en France, dont 80 % se situe dans la tranche d’âge des moins de 21 ans.

Gustave Doré, Satan, illustration pour Paradise Lost de John Milton, xylographie, 1866.


Malgré tout, le but de la Miviludes n'est pas seulement de dire ce qu'est une secte par rapport à ce qui ne l'est pas, mais surtout de pointer du doigt les risques de dérive sectaire. Il s'agit donc de vigilance et de prévention, et non d'accusation et de répression. Et de "dérives sectaires", pas de sectes: le but de la Miviludes est d'alerter quand à la recrudescence de profanations de tombes auto-déclarées satanistes, pas d'interdire une église satanique qui de toute façon aurait du mal à trouver ses adeptes. Comme le dit l'enquêteur lui-même avec une pointe d'ironie:

Là comme ailleurs, ce n’est pas en tant que croyance que le satanisme préoccupe la MIVILUDES, car le culte de Satan ou de toute autre divinité des ténèbres, comme toute croyance, est absolument libre en France.

Hans Ruedi Giger, Satan I, acrylique sur papier sur bois, 1976.

De même pour le néo-chamanisme, le rapport stigmatise l'apparition de professions comme "chaman d'entreprise" ou la diffusion récente du datura, drogue dangereuse manifestement à la mode dans les milieux néo-chamaniques, qui vient remplacer l'iboga et l'ayahuasca. Pas de critique du chamanisme en tant que tel, mais alerte quant aux risques réels qu'encourent des pratiquants européens peu au fait de toutes les règles qui encadrent l'utilisation de ces substances dans un contexte dit "traditionnel".

Tête de chaman, sculpture sur serpentine, art inuit. (merci à bertrand pour la photographie)

Non que je réprouve personnellement le culte de Satan ou les pratiques chamaniques (au contraire :-), mais que ce soit dans l'un ou l'autre domaine, je préfère me contenter de la musique et de la poésie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La Datura... Il paraît que c'est une drogue de cheval qui rend limite agressif.

J'espère que de jeunes cadres endoctrinés par des pseudo-chamanes déguisés en formateurs ne vont pas jouer un remake d'"American Psycho"!