Récemment, mon beau-frère, un pâtre odiniste, est descendu de ses montagnes pour venir rendre visite à sa famille en région tourangelle... Après avoir causé de cuisine médiévale et de la réintroduction problématique des ours dans les Pyrénées, la conversation a tourné vers la musique. Je lui ai fait connaître Comus, il m'a fait connaître Moondog. Et j'ai été conquis par l'histoire de ce musicien-compositeur aveugle et sdf, ayant vécu la majeure partie de sa vie à New York, et mort en Allemagne, réfugié à la fin de sa vie dans la vieille Europe. Il était doté d'une très longue barbe, et, pour éviter qu'on l'appelle Jésus, il a décidé un jour de s'habiller en viking. Son surnom: le "Viking de la 6e Avenue".
Voilà pour le folklore. La musique, elle, si elle n'est pas non plus impressionnante de complexité (pour ce que j'en ai entendu, c'est-à-dire le cd éponyme avec compositions orchestrales datant des années 1960), reste très intéressante et novatrice pour l'époque. Vers la fin de sa vie, il a visiblement composé des canons nécessitant l'emploi d'un millier de musiciens sur près de neuf heures. Ayant fricoté à la fois avec le jazz et la musique du monde, il a également rencontré les principaux représentants du minimalisme américain, Terry Riley, Steve Reich et Philip Glass, chez qui il squattera pendant 3 mois. Encore un témoignage, s'il en était besoin, de l'influence, au cours des années 1960 et des années 1970, des cultures ethnologiques sur la culture et la contre-culture américaines, ainsi que de l'entremêlement de ces deux dernières: si Moondog reste peu connu du grand public, il aura une influence considérable sur un certain nombre d'artistes et de compositeurs, Janis Joplin et Charlie Parker reprenant, entre autres, certains de ses airs.
Avis, donc, aux amateurs de musique du monde, de musique psychédélique et de musique minimaliste: Moondog mérite plus qu'un rapide coup d'oreille, il mérite une attention soutenue, au même titre que d'autres personnalités marginales comme Zappa ou Vander.
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