samedi 24 janvier 2009

Expos parisiennes avant fermeture

Cette semaine, Cha et moi sommes allés en coup de vent à Paris pour aller voir quelques expos avant que celles-ci ne ferment. Il était trop tard pour Mantegna au Louvre, également pour Emil Nolde au Grand Palais. Nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour aller voir Van Dyck à Jacquemart-André, aussi sommes-nous restés au bord de la Seine, pour les expositions Masques et Le Mystère et l'Eclat à Orsay (jusqu'au 1er février), et pour Abildgaard au Louvre (jusqu'au 8 février).
Des deux expos à Orsay, contrairement à Sophie, nous avons préféré Masques à l'exposition sur les pastels. Notre préférence est purement liée, je pense, à notre absence d'affinités avec les impressionnistes et post-impressionistes qui constituent l'essentiel des oeuvres exposées dans Le Mystère et l'Eclat. Certaines oeuvres valent le détour d'une visite, néanmoins, que ce soit chez les impressionnistes ou les symbolistes, et puis cela permet de redécouvrir une technique sinon méconnue, du moins marginalisée. Masques, en revanche, nous a vraiment beaucoup plu: l'approche thématique est originale et surtout très bien menée, avec en plus beaucoup d'oeuvres venues de loin ou peu souvent montrées, avec d'excellentes mises en perspective historique et esthétique. Et des pièces vraiment somptueuses, placées par ailleurs à côté d'autres oeuvres assez kitsch... il y en a pour tous les goûts, et on apprend pas mal de choses sur des pratiques artistiques aussi diverses que le masque mortuaire, le masque-portrait, les réactualisations de Méduse ou du carnaval dans l'art de l'entre-deux siècles. Et puis cela nous a permis de revoir quelques grotesques de Carriès, qui est une des grandes découvertes d'il y a deux ans.

Une Méduse de Böcklin (non exposée à Orsay).

Enfin, last but not least, la toute petite exposition (une salle) consacrée à Abildgaard, un peintre néoclassique danois, qui n'a sans doute de néoclassique que la technique et le fonds culturel, tant ses oeuvres semblent pénétrées de thèmes et de manières artistiques qui feront la singularité des romantiques... mais ne réactivons pas les vieilles querelles, les étiquettes sont faites pour être prises comme telles, n'est-ce pas?

Abildgaard, Narcisse, dessin à la plume.

J'avais déjà parlé un peu d'Abildgaard dans le dernier volet de ma trilogie sur le cauchemar de Fuseli. Il se trouve que les deux artistes s'étaient connus à Rome dans les années 1770, mais que le peintre danois n'a réalisé sa «réécriture» (je ne sais pas comment on pourrait le dire en matière de peinture) éroticisée du Nightmare de Fuseli que d'après une gravure, bien après cette rencontre, donc. Il reste que leurs univers plastiques comme leurs références littéraires sont étonnamment proches: même fascination préromantique pour Michelange et Shakespeare.
Abildgaard est aussi l'un des premiers (sinon le premier, Saskia pourrait nous en dire davantage) à s'être confronté en peinture au mythe d'Ossian. Il a également illustré le Voyage souterrain de Niels Klim de Ludwig Holberg, un récit de voyage extraordinaire qui, dans la droite lignée (ou mouvance) de Swift, allie imagination débridée et pastiche politique. Je recommande d'aller voir cette petite exposition sur Abildgaard, non parce que ce serait l'exposition de l'année, loin de là, mais parce que c'est l'une des rares occasions de pouvoir contempler ses oeuvres en dehors du Danemark. Ses réalisations sont assez inégales, mais le personnage est passionnant et certaines de ses pièces valent vraiment le coup d'oeil. Je regrette vraiment de n'avoir pu aller voir la conférence de Martin Myrone sur Abildgaard et Fuseli. Elle avait un titre alléchant: Artistes, magiciens et supercheries: Abildgaard, Fuseli et l'invention du «génie», miam!

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