dimanche 16 novembre 2008

Ouaknin, Kiefer et la kabbale

En écoutant Michel Cazenave sur France Culture il y a quelque temps (c'était l'émission du 8 novembre, je ne pense pas qu'elle soit encore podcastable, malheureusement), Charlotte et moi sommes tombés sur une entrevue avec un personnage hors du commun, Marc-Alain Ouaknin. Il a même sa page wikipedia, c'est dire. Rabbin, docteur en philosophie et professeur de littérature comparée, il parlait alors du problème de l'interprétation des textes bibliques. Ce qui m'a frappé, c'est d'abord son propos que j'ai trouvé absolument passionnant, ensuite le fait que je l'ai retrouvé dans l'émission de Victor Malka le lendemain, le 9 novembre, à croire qu'il avait campé à Radio-France pendant la nuit (mais certaines émissions doivent être, je crois, pré-enregistrées, de toute façon, non? J'avoue mon ignorance dans ce domaine), et enfin le fait qu'il sorte trois bouquins quasiment en même temps (Zeugma, mémoire biblique et déluges contemporains, aux éditions du Seuil, Mystères de la Bible aux éditions Assouline et Invitation au Talmud aux éditions Flammarion, une réédition).
Du coup on a fait quelques petites recherches sur le net, et on a vu qu'il avait fait une conférence sur Anselm Kiefer et la kabbale à l'occasion de Monumenta 2007. Très intéressant, même si le début tarde un peu à se mettre en place. Mais bon, c'est une conférence, pas un cours... Toujours sur le site de Monumenta, il y a également tout un entretien avec ce rabbin, où il explique notamment la conception judaïque du Livre, qui n'est pas seulement un objet de consommation, un media qu'on peut jeter après usage, mais un objet rituel, envers lequel le lecteur s'engage physiquement, de tout son être, et pas seulement de manière intellectuelle. Passionnant. Dans le même registre, une table ronde d'universitaires sur la kabbale, l'alchimie et l'art de Kiefer, dont le propos reste assez grand public, mais qui a l'immense mérite de tordre le coup à certains préjugés (nombreux en matière d'ésotérisme), et par ailleurs d'être très clair. Ce qui est également assez rare dans le domaine de l'ésotérisme. Très bonne introduction à l'histoire de la kabbale et à celle de l'alchimie si l'on n'y connaît pas grand chose (comme moi). En tout cas c'est très agréable et intéressant à écouter quand on doit donner le biberon à un nourrisson à 1h30 du matin.

Anselm Kiefer, Zim Zum, 1990, National gallery of Art, Washington.


Je regrette vraiment d'avoir manqué le Monumenta de 2007. D'autant plus que celui de cette année, avec Richard Serra, était pour le coup assez décevant. En regard de la richesse de l'œuvre de Kiefer, la Promenade de Serra fait pâle figure.

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