Très amusant compte-rendu d'interview de Guillermo Del Toro, le réalisateur des deux Hellboy et du Labyrinthe de Pan, où l'auteur du billet développe les liens entre ce dernier et Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Où l'on apprend notamment que Guillermo Del Toro va tourner prochainement Bilbo le Hobbit en Nouvelle-Zélande, que les deux réalisateurs collectionnent les jouets, et que Del Toro est particulièrement amateur... des livres illustrés par Arthur Rackham et Edmond Dulac. Qui ne sont que très rarement, n'en déplaise à Aurélien Ferenczi, l'auteur du billet, des "romans victoriens", mais plutôt, en général, des classiques de la littérature mondiale, et en particulier de la littérature merveilleuse et légendaire.
Quand on voit certaines images de Del Toro, surtout dans Le Labyrinthe de Pan, il est évident qu'elles rappellent les images de Rackham, et les illustrations victoriennes en général. Comment ne pas penser aux illustrations de Tenniel pour Alice au Pays des Merveilles en voyant le costume bien apprêté de cette petite fille, et à celles de Rackham quand on voit cet arbre tordu, aux formes évocatrices? De même, dans l'image ci-dessous, l'héritage d'Alice au Pays des Merveilles est flagrant, avec son imagerie de petite fille rentrant dans un terrier et arrivant dans un long couloir souterrain qui l'achemine vers l'Autre Monde. A la différence que la version de Del Toro de l'Autre Monde est bien plus terrifiante que celle de Carroll, et qu'elle doit autant à Lovecraft ou à Clive Barker qu'à l'auteur d'Alice.
Pour information, Alice est représentée par John Tenniel, selon les injonctions de Lewis Carroll lui-même, comme une petite fille aux cheveux longs et blonds.
C'est sous cette forme de petite fille aux longs cheveux blonds que l'on connaît généralement le personnage d'Alice, mais tous les illustrateurs ne l'ont pas représentée comme telle. Ainsi Charles Robinson, toujours en 1907, représente Alice les cheveux bruns, au carré... La très intéressante version en album, illustrée récemment par Jong Romano, représente encore une fois Alice brune avec une coupe mi-longue, mais avec des couettes cette fois-ci, histoire de la moderniser un peu. Tout se passe comme si nous n'avions que deux représentations possibles du personnage d'Alice: les cheveux courts (ou plutôt mi-longs) et bruns, ou longs et blonds. Le parti de Guillermo Del Toro, pour faire allusion au personnage de Carroll, a été de faire référence au type, sinon le moins fréquent, du moins le moins connu: celui aux cheveux bruns et mi-longs. Justement pour que sa référence au personnage de Carroll reste une simple allusion, et ne relève pas de l'évidence absolue.
Quant à l'influence des images de Rackham sur ce film, c'est une autre histoire. On a déjà vu les formes d'arbres tordus, qui doivent peut-être autant à l'univers de Tim Burton qu'à celui de Rackham (mais Tim Burton connaît très probablement lui-même très bien l'oeuvre de Rackham). Qu'il nous soit juste permis de faire allusion au livre que tient Ofélia au tout début du film (mes excuses si je n'ai pas d'image à montrer): c'est un livre de conte de fées illustré en silhouettes, genre de représentation dans lequel s'est particulièrement illustré Arthur Rackham...
Pour information, Alice est représentée par John Tenniel, selon les injonctions de Lewis Carroll lui-même, comme une petite fille aux cheveux longs et blonds.
Mais la véritable Alice, Alice Liddell, dont Lewis Carroll s'inspire pour écrire Alice au Pays des Merveilles, est connue par des photographies (toujours de Lewis Carroll) où elle porte ses cheveux bruns dans une coupe courte, au carré.
Lewis Carroll, portrait d'Alice Liddell, années 1860.Quand Rackham illustrera à nouveau Alice au Pays des Merveilles en 1907, il suivra le parti de John Tenniel, qui avait été, sous les injonctions de Lewis Carroll, de dissimuler l'identité d'Alice Liddell sous une perruque blonde.
Arthur Rackham, illustration pour Alice, 1906.C'est sous cette forme de petite fille aux longs cheveux blonds que l'on connaît généralement le personnage d'Alice, mais tous les illustrateurs ne l'ont pas représentée comme telle. Ainsi Charles Robinson, toujours en 1907, représente Alice les cheveux bruns, au carré... La très intéressante version en album, illustrée récemment par Jong Romano, représente encore une fois Alice brune avec une coupe mi-longue, mais avec des couettes cette fois-ci, histoire de la moderniser un peu. Tout se passe comme si nous n'avions que deux représentations possibles du personnage d'Alice: les cheveux courts (ou plutôt mi-longs) et bruns, ou longs et blonds. Le parti de Guillermo Del Toro, pour faire allusion au personnage de Carroll, a été de faire référence au type, sinon le moins fréquent, du moins le moins connu: celui aux cheveux bruns et mi-longs. Justement pour que sa référence au personnage de Carroll reste une simple allusion, et ne relève pas de l'évidence absolue.
Quant à l'influence des images de Rackham sur ce film, c'est une autre histoire. On a déjà vu les formes d'arbres tordus, qui doivent peut-être autant à l'univers de Tim Burton qu'à celui de Rackham (mais Tim Burton connaît très probablement lui-même très bien l'oeuvre de Rackham). Qu'il nous soit juste permis de faire allusion au livre que tient Ofélia au tout début du film (mes excuses si je n'ai pas d'image à montrer): c'est un livre de conte de fées illustré en silhouettes, genre de représentation dans lequel s'est particulièrement illustré Arthur Rackham...
5 commentaires:
Excellente analyse. C'est Del Toro lui-même qui a parlé de "romans victoriens" (ou plus exactement de "livres pour enfants de l'époque victorienne")... Il ne reste plus qu'à attendre pour boucler la boucle l'Alice de Tim Burton...
Moui, mais traduire "victorian children books" par "victorian novels" est un peu rapide :-) Une Alice de Tim Burton? Miam!
Ho des photos pédopornos de Lewis Carrol !
On pourrait croire que, pour M. Patouche, envoyer une photo de ses proches pour signaler une heureuse naissance est passible d'une condamnation pour entretien d'un réseau pédophile. Toujours dans la finesse, tes commentaires, je vois...
Un peu hors sujet: ça fait six ans que Del Toro aurait le projet d'adapter "Les Montagnes hallucinées" de Lovecraft. Apparemment le projet est un peu passé à la trappe. C'est dommage parce qu'avec sa prédilection pour les années 30, ce réalisateur me semble le plus qualifié pour nous offrir (enfin) une adaptation de Lovecraft qui ne soit pas nanarde.
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