Par un contributeur extérieur, que certains d'entre vous connaissent, un petit compte-rendu d'un festival ayant eu lieu il y a déjà un mois, mais qui ravira ceux qui y étaient présents, et qui donnera envie à ceux qui, comme moi, n'avaient pas pu s'y rendre.
La troisième édition du festival de «musiques extrêmes» (entendez «métal» avec tous les préfixes et suffixes que vous voulez, de black à mélodique en passant par trash, death, expérimental ou... math!) a été un grand moment, qui en fait plus que le simple héritier du défunt Furyfest du Mans.
Le Hellfest, né des cendres fumantes du Furyfest donc, avait déjà le mérite d'être le seul festival du fenre en France, mais a souffert de deux premières éditions difficiles qui ont failli lui être fatales, avec des galères financières et une météo 2007 cataclysmique.
D'énormes efforts ont été accomplis pour l'édition 2008, pour un lieu accueillant, confortable, convivial et très ouvert, jusqu'au site internet qui est particulièrement réussi. Les organisateurs ont aussi su faire des choix forts pour les invitations: «On préfère payer 80 groupes plutôt que de filer 1 ou 2 cachets à des groupes qui ne réinventent rien depuis des années et qui représentent un aspect limité des musiques extrêmes. Le Hellfest doit devenir le tremplin pour les groupes en devenir, les courants en développement, la vitrine des groupes rares et de qualité.»
Qu'on se rassure, les têtes d'affiche restent de très grands noms comme lors des éditions précédentes, mais on a pu constater cette volonté de multiplier les styles, d'ouvrir les scènes à des groupes moins connus et néanmoins talentueux, avec une constante recherche de qualité.
Mais ce qui différencie vraiment le Hellfest d'autres manifestations équivalentes, même à l'étranger, et le démarque de son ancêtre mansois, c'est l'effort redoublé d'aller vers le grand public pour faire tomber les préjugés. Et là, on assiste à des choses étranges, comme un camping de métalleux installé entre les vignes, des viticulteurs locaux vendant leur nectar en plein milieu du festival, des stands de fruits au milieu des merguez, une fanfare sillonnant le village en jouant du metallica©, une mamie promenant ses petits enfants curieux devant la scène black métal, quelques familles se mêlant à la foule pour admirer les prouesses des skaters... quelque chose est peut-être en train de changer du côté de Clisson, où la séduction semble vraiment faire son effet grâce à des groupes comme Anathema, Apocalytpica, My Dying Bride ou Opeth, grâce à des festivaliers au comportement très remarqué pour les institutionnels, et grâce à une population locale ouverte, chaleureuse, accueillante. Les festivaliers semblent venir de plus en plus loin, ce qui augure bien pour l'avenir.
Mais parlons donc musique.
Le son était d'une rare qualité (due au plein air?), ce qui est peu dire lorsqu'on sature et qu'on pousse le volume sans limites dans de trop nombreux concerts.
Deux scènes principales alternaient sans temps mort, avec des groupes très variés, que ce soit par le style, l'expérience ou le public visé, ce qui permettait un brassage très vivant. Une troisième scène, à l'écart, permettait à des groupes moins connus de se produire devant un public bien chauffé. Avec des expériences sympathiques, des découvertes originales et surprenantes, bref: de bonnes surprises.
On a vu des Grands Anciens, voire des revenants (Carcass, Venom, Helloween, Iced Earth, Paradise Lost, Nofx, Motorhead, Slayer, Ministry, Anathema...) partager la scène avec des groupes plus récents et néanmoins impressionnants (mention spéciale à Opeth, Meshuggah et Dillinger Escape Plan pour les avoir vus, mais citons aussi In Flames, Airbourne... je pourrais recopier beaucoup de noms de cette liste impressionnante). Parmi les découvertes qui valaient le détour, je cite très subjectivement Year of No Light, Ghost Brigade, Blazing War Machine par exemple.
Enfin, cerise sur le gâteau pourtant déjà très réussi, la compilation du Hellfest 2008 est téléchargeable (entrer le code «hellfest»). Un grand merci aux organisateurs et à la météo, et rendez-vous à Clisson en 2009. Pourront-ils faire mieux?
NB: je m'interroge parfois sur le manque de diversité culturelle des publics mélomanes (quelle que soit la musique concernée). Mais le métal remporte une palme qui me dérange un peu: je n'ai vu que des Blancs au festival de Clisson... Bien sûr, le contenu des paroles certains groupes y est pour quelque chose, de même que l'imagerie souvent très «nordique» de beaucoup de formations. La transmission des goûts musicaux se fait souvent sur le mode du repli identitaire et d'une certaine exclusivité. Les initiatives telles que celles du Hellfest sont donc à encourager, qui encouragent les liens avec la population locale, et le brassage des genres au sein d'une même famille musicale; et si l'on attend du grand public qu'il regarde le métalleux avec plus de respect et moins de préjugés, peut-être le métalleux doit-il aussi s'interroger sur son sens de l'ouverture et de l'identité. Sa survie est à ce prix, surtout au sein d'une contre-culture de la révolte et du non-conformisme très agressée par la société de consommation: peu importe que vous soyez métalleux, rappeur ou amateur de jazz, pourvu qu'on puisse stéréotyper vos goûts et savoir quelles marques vous vendre!
Merci également à François de m'avoir demandé ce texte et de l'avoir retranscrit avec fidélité. Bien sûr, ce que j'écris n'engage que moi!
Martinogan, 31 juillet 2008.
Le Hellfest, né des cendres fumantes du Furyfest donc, avait déjà le mérite d'être le seul festival du fenre en France, mais a souffert de deux premières éditions difficiles qui ont failli lui être fatales, avec des galères financières et une météo 2007 cataclysmique.
D'énormes efforts ont été accomplis pour l'édition 2008, pour un lieu accueillant, confortable, convivial et très ouvert, jusqu'au site internet qui est particulièrement réussi. Les organisateurs ont aussi su faire des choix forts pour les invitations: «On préfère payer 80 groupes plutôt que de filer 1 ou 2 cachets à des groupes qui ne réinventent rien depuis des années et qui représentent un aspect limité des musiques extrêmes. Le Hellfest doit devenir le tremplin pour les groupes en devenir, les courants en développement, la vitrine des groupes rares et de qualité.»
Source: Flickr, galerie de Keipoth.
Qu'on se rassure, les têtes d'affiche restent de très grands noms comme lors des éditions précédentes, mais on a pu constater cette volonté de multiplier les styles, d'ouvrir les scènes à des groupes moins connus et néanmoins talentueux, avec une constante recherche de qualité.
Mais ce qui différencie vraiment le Hellfest d'autres manifestations équivalentes, même à l'étranger, et le démarque de son ancêtre mansois, c'est l'effort redoublé d'aller vers le grand public pour faire tomber les préjugés. Et là, on assiste à des choses étranges, comme un camping de métalleux installé entre les vignes, des viticulteurs locaux vendant leur nectar en plein milieu du festival, des stands de fruits au milieu des merguez, une fanfare sillonnant le village en jouant du metallica©, une mamie promenant ses petits enfants curieux devant la scène black métal, quelques familles se mêlant à la foule pour admirer les prouesses des skaters... quelque chose est peut-être en train de changer du côté de Clisson, où la séduction semble vraiment faire son effet grâce à des groupes comme Anathema, Apocalytpica, My Dying Bride ou Opeth, grâce à des festivaliers au comportement très remarqué pour les institutionnels, et grâce à une population locale ouverte, chaleureuse, accueillante. Les festivaliers semblent venir de plus en plus loin, ce qui augure bien pour l'avenir.
Mais parlons donc musique.
Le son était d'une rare qualité (due au plein air?), ce qui est peu dire lorsqu'on sature et qu'on pousse le volume sans limites dans de trop nombreux concerts.
Deux scènes principales alternaient sans temps mort, avec des groupes très variés, que ce soit par le style, l'expérience ou le public visé, ce qui permettait un brassage très vivant. Une troisième scène, à l'écart, permettait à des groupes moins connus de se produire devant un public bien chauffé. Avec des expériences sympathiques, des découvertes originales et surprenantes, bref: de bonnes surprises.
On a vu des Grands Anciens, voire des revenants (Carcass, Venom, Helloween, Iced Earth, Paradise Lost, Nofx, Motorhead, Slayer, Ministry, Anathema...) partager la scène avec des groupes plus récents et néanmoins impressionnants (mention spéciale à Opeth, Meshuggah et Dillinger Escape Plan pour les avoir vus, mais citons aussi In Flames, Airbourne... je pourrais recopier beaucoup de noms de cette liste impressionnante). Parmi les découvertes qui valaient le détour, je cite très subjectivement Year of No Light, Ghost Brigade, Blazing War Machine par exemple.
Enfin, cerise sur le gâteau pourtant déjà très réussi, la compilation du Hellfest 2008 est téléchargeable (entrer le code «hellfest»). Un grand merci aux organisateurs et à la météo, et rendez-vous à Clisson en 2009. Pourront-ils faire mieux?
Source: Flickr, galerie de Keipoth.
NB: je m'interroge parfois sur le manque de diversité culturelle des publics mélomanes (quelle que soit la musique concernée). Mais le métal remporte une palme qui me dérange un peu: je n'ai vu que des Blancs au festival de Clisson... Bien sûr, le contenu des paroles certains groupes y est pour quelque chose, de même que l'imagerie souvent très «nordique» de beaucoup de formations. La transmission des goûts musicaux se fait souvent sur le mode du repli identitaire et d'une certaine exclusivité. Les initiatives telles que celles du Hellfest sont donc à encourager, qui encouragent les liens avec la population locale, et le brassage des genres au sein d'une même famille musicale; et si l'on attend du grand public qu'il regarde le métalleux avec plus de respect et moins de préjugés, peut-être le métalleux doit-il aussi s'interroger sur son sens de l'ouverture et de l'identité. Sa survie est à ce prix, surtout au sein d'une contre-culture de la révolte et du non-conformisme très agressée par la société de consommation: peu importe que vous soyez métalleux, rappeur ou amateur de jazz, pourvu qu'on puisse stéréotyper vos goûts et savoir quelles marques vous vendre!
Merci également à François de m'avoir demandé ce texte et de l'avoir retranscrit avec fidélité. Bien sûr, ce que j'écris n'engage que moi!
Martinogan, 31 juillet 2008.
2 commentaires:
Quelle affiche en effet ! Combien de canettes de Redbull et de séances d'entraînement militaire faut-il pour pouvoir survivre à un tel raz de marée ? Chaque jour étant aussi écrasant l'un que l'autre, j'envisage de travailler sérieusement mon don d'ubiquité (avoir un double dans le pogo, l'autre allongé dans l'herbe, l'autre accoudé au bar), au cas où je viendrais à repasser par Clisson un jour, après avoir écumé les 3 premières éditions de feu le Fury Fest.
Concernant le NB : n'est-ce pas une évidence musico-sociologique ? Les musiciens présents en l'occurrence montrent-ils eux-mêmes une grande diversité culturelle ? N'est-ce pas un peu court de considérer la vivacité et la pérennité d'un genre musical à l'aune de la constitution de son public ? Je rappelle que ce genre de musique fonctionne avant tout sur un processus d'identification... - il y a pléthore de livres sur le sujet.
Enfin, il y a des gros festivals de metal au Maroc ou ailleurs où le public n'est pas à proprement parler "blanc".
A part ça, merci de ce compte-rendu, qui vient confirmer qu'avec ce festival la France passe bel et bien un cap dignes des célèbres festivals de metal internationaux.
un docu sur arte :
http://fr.youtube.com/watch?v=ZVbyQ17qsU4&feature=related
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