Je viens de redécouvrir avec délectation un disque de Zappa absolument superbe que j'avais déjà écouté voilà plus d'un an avec l'idée que j'y retournerai plus tard. J'ai mis le temps, mais c'est vrai qu'il y a tellement de disques à écouter... cependant Zappa me rattrape toujours. En effet c'est un musicien qui m'accompagne depuis depuis plus d'une décennie et plus le temps passe plus je découvre les merveilleuses richesses de sa musique.
Sa production rock est un peu l'arbre qui cache une immense forêt d'oeuvres ébauchées ou inédites. Le compositeur et musicologue Ali N. Askin s'attache à les réarranger et à les retranscrire pour notre bonheur. Askin était en 1991-93 l'assistant de FZ pour le projet The Yellow Shark avec l'Ensemble Modern. Il a également reconstitué en 2000, à partir des archives du maître, la suite des pièces originales pour orchestre qui constituent 200 Motels. De plus c'est un membre éminent du Zappa Family Trust à Los Angeles. Autant dire que Zappa n'a pas de secrets pour Askin.
L'autre fanatique qui s'intéresse de près au répertoire de Frank Zappa, c'est Todd Yvega. Il a travaillé avec FZ à partir de 1989, en tant que spécialiste de musique sur ordinateur, développant tout spécialement pour lui bon nombre de programmes informatiques.
Askin et Yvega se sont associés dès 1991 pour effectuer un travail de titan : extraire les fichiers composés par Zappa sur son Synclavier au format son. Todd le magnifique s'est enfermé des nuits entières durant une bonne décennie. Il a fini par développer un programme spécifique pour convertir ces données, les lancements, la durée, le minutage etc. afin que l'on puisse les lires sur des logiciels standards. Puis il a reconstruit les structures en termes musicaux conventionnels pour que son camarade Askin puisse réaliser des arrangements, devinez pour quoi faire ? Faire jouer cette musique par des vrais instruments, pardi !
Ce n'est pas tout, d'autres problèmes se posent : des morceaux comme Xmas Values et Buffalo Voice ne sont pas des morceaux définitifs, ils sont pour ainsi dire "en chantier". Même à grand renfort de technologie pour redéfinir l'hypothétique développement de ces pièces, impossible de reconstruire l'oeuvre véritable, originale, naturelle, de Frank Zappa.
Heureusement, pendant ce temps, Askin avait attaqué la montagne par l'autre versant. En se basant sur les diverses musiques enregistreés, il préparait des partitions originales et des arrangements.
Ainsi, à force de travail et de volonté, il était possible de composer un programme de concert complet. D'autant plus qu'à l'époque de The Yellow Shark (1993), il était également prévu une représentation des deux compositions Adventures of Greggery Peccary et Revised Music for Slow Budget Symphony Orchestra, qui dormaient encore dans les placards.
Par l'entremise de Gail Zappa (Gail Sloatman, femme de Frank) et d'autres, une petite équipe parvint à se mettre d'accord sur le choix des morceaux du programme, qui fut donné pour la première fois par l'Ensemble Modern, à Cologne, le 6 juin 2000, sous la direction de Peter Eötvös. En 2002 cette entreprise monumentale était gravée au disque, en concert et sans aucun rajout, sous la direction de Jonathan Stockhammer. Belle séance de rattrapage pour ceux qui n'ont pu assister à ces concerts.
Le résultat est grandiose. On retrouve, transmutés pour orchestre, des extraits des albums Man from Utopia (1983), You can't do that on stage anymore vol. 5 (1992), EIHN (Everything is healing nicely, 1999), Jazz from Hell (1986), Studio Tan (1978), Läther (1996), Civilization phaze 3 (1994), Hot Rats (1969) et 200 Motels (1971), notamment les loufoques aventures de Greggery Peccary (notez que ce CD n'apparaît pas dans la discographie officielle). Autant dire que la réussite est totale. Excellent travail accompli par les deux maestros Todd Yvega et Ali N. Askin, et interprétation fabuleuse. Oubliez Boulez dans un Naval Aviation in Art ? ampoulé, oubliez le son synthétique du premier Night School, pénétrez dans l'orchestre magique de l'Ensemble Modern.
Afin de ne pas allonger conséquemment ce billet, je réserve les considérations musicales pour des billets ultérieurs. Pour l'heure, il revient aux futurs auditeurs de ce disque de constater par eux-mêmes le puissant génie qu'était Frank Zappa, servi ici dans son écrin le plus majestueux, l'orchestre.
Sa production rock est un peu l'arbre qui cache une immense forêt d'oeuvres ébauchées ou inédites. Le compositeur et musicologue Ali N. Askin s'attache à les réarranger et à les retranscrire pour notre bonheur. Askin était en 1991-93 l'assistant de FZ pour le projet The Yellow Shark avec l'Ensemble Modern. Il a également reconstitué en 2000, à partir des archives du maître, la suite des pièces originales pour orchestre qui constituent 200 Motels. De plus c'est un membre éminent du Zappa Family Trust à Los Angeles. Autant dire que Zappa n'a pas de secrets pour Askin.
L'autre fanatique qui s'intéresse de près au répertoire de Frank Zappa, c'est Todd Yvega. Il a travaillé avec FZ à partir de 1989, en tant que spécialiste de musique sur ordinateur, développant tout spécialement pour lui bon nombre de programmes informatiques.
Askin et Yvega se sont associés dès 1991 pour effectuer un travail de titan : extraire les fichiers composés par Zappa sur son Synclavier au format son. Todd le magnifique s'est enfermé des nuits entières durant une bonne décennie. Il a fini par développer un programme spécifique pour convertir ces données, les lancements, la durée, le minutage etc. afin que l'on puisse les lires sur des logiciels standards. Puis il a reconstruit les structures en termes musicaux conventionnels pour que son camarade Askin puisse réaliser des arrangements, devinez pour quoi faire ? Faire jouer cette musique par des vrais instruments, pardi !
Ce n'est pas tout, d'autres problèmes se posent : des morceaux comme Xmas Values et Buffalo Voice ne sont pas des morceaux définitifs, ils sont pour ainsi dire "en chantier". Même à grand renfort de technologie pour redéfinir l'hypothétique développement de ces pièces, impossible de reconstruire l'oeuvre véritable, originale, naturelle, de Frank Zappa.
Heureusement, pendant ce temps, Askin avait attaqué la montagne par l'autre versant. En se basant sur les diverses musiques enregistreés, il préparait des partitions originales et des arrangements.
Ainsi, à force de travail et de volonté, il était possible de composer un programme de concert complet. D'autant plus qu'à l'époque de The Yellow Shark (1993), il était également prévu une représentation des deux compositions Adventures of Greggery Peccary et Revised Music for Slow Budget Symphony Orchestra, qui dormaient encore dans les placards.
Par l'entremise de Gail Zappa (Gail Sloatman, femme de Frank) et d'autres, une petite équipe parvint à se mettre d'accord sur le choix des morceaux du programme, qui fut donné pour la première fois par l'Ensemble Modern, à Cologne, le 6 juin 2000, sous la direction de Peter Eötvös. En 2002 cette entreprise monumentale était gravée au disque, en concert et sans aucun rajout, sous la direction de Jonathan Stockhammer. Belle séance de rattrapage pour ceux qui n'ont pu assister à ces concerts.
Le résultat est grandiose. On retrouve, transmutés pour orchestre, des extraits des albums Man from Utopia (1983), You can't do that on stage anymore vol. 5 (1992), EIHN (Everything is healing nicely, 1999), Jazz from Hell (1986), Studio Tan (1978), Läther (1996), Civilization phaze 3 (1994), Hot Rats (1969) et 200 Motels (1971), notamment les loufoques aventures de Greggery Peccary (notez que ce CD n'apparaît pas dans la discographie officielle). Autant dire que la réussite est totale. Excellent travail accompli par les deux maestros Todd Yvega et Ali N. Askin, et interprétation fabuleuse. Oubliez Boulez dans un Naval Aviation in Art ? ampoulé, oubliez le son synthétique du premier Night School, pénétrez dans l'orchestre magique de l'Ensemble Modern.
Afin de ne pas allonger conséquemment ce billet, je réserve les considérations musicales pour des billets ultérieurs. Pour l'heure, il revient aux futurs auditeurs de ce disque de constater par eux-mêmes le puissant génie qu'était Frank Zappa, servi ici dans son écrin le plus majestueux, l'orchestre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire