Ce n'est pas la première exposition sur le sujet: je me souviens avoir consulté il y a longtemps (c'était lors de mon année de DEA à Trinity College Dublin, en 2002), le catalogue d'exposition de la Rhode Island School of Design (Providence), en 1979, établi par Diana L. Johnson et intitulé Fantastic Illustration and Design in Britain, 1850-1930. C'était il y a longtemps, mais c'était un pur bonheur: j'avais notamment découvert Sidney Sime, pu contempler les reproductions de décorations de piano de Burne-Jones, etc.
Sidney Sime
Ces expositions sont trop rares pour passer inaperçues... et voilà que je ne m'en aperçois que maintenant. Il est vrai qu'il y a déjà tant de choses à voir à Paris que je ne vais que rarement voir ce qui se passe de l'autre côté de la Manche. La Dulwich Picture Gallery est un musée consacré aux arts en deux dimensions dans lequel j'avais déjà eu l'occasion de voir la seule et unique exposition monographique sur Rackham ayant jamais eu lieu, à ma connaissance, dans une institution muséale. C'était en 2002 également.
Et voilà que Rodney Engen, le commissaire d'exposition de la précédente exposition sur Rackham, a remis le couvert, avec visiblement une splendide exposition qui juxtaposait les oeuvres d'Aubrey Beardsley, d'Edmund Dulac, de Sidney Sime, de Kay Nielsen, de Harry Clarke, d'Alastair, etc. La thématique semble très orientée "grotesque fin de siècle et jeux graphiques art nouveau", plutôt que dessins mignons à la Beatrix Potter ou à la Charles Robinson, ce qui est un parti pris très intéressant, et plutôt hors des sentiers battus (au moins pour la mise en valeur de l'œuvre de Sidney Sime, Alastair, et Harry Clarke, qui restent toujours un peu dans l'ombre de Beardsley, et n'ont pas eu droit à beaucoup de publications).
On notera, sur la partie du site que la Dulwich Picture Gallery consacre à cette exposition de l'hiver dernier, une absence remarquable d'Arthur Rackham, qui pourtant n'aurait pas dépareillé aux côtés de Dulac et Nielsen. Quelle est la raison de cette absence, ou de cette mise entre parenthèses? J'en saurai plus quand j'aurai reçu le catalogue d'exposition, que j'ai rapidement commandé, n'ayant pas pu voir l'exposition proprement dite.
En attendant, on peut voir une partie de l'exposition avec quelques vidéos où le directeur de la Dulwich commente certaines oeuvres. C'est très drôle, de le voir dire de son air un peu gêné, ou flegmatique, c'est selon, que l'œuvre de Beardsley est "perverse". Ses commentaires n'ont rien de très éclairant sur les œuvres (ça se voit que c'est le directeur du musée, et pas le commissaire de l'exposition), mais ils présentent bien l'exposition, qui avait l'air splendide.
5 commentaires:
Vous souvenez-vous du petit éditeur Corentin, qui avait naguère cherché à populariser en France Rackham, Dulac et Nielsen ? Terre de Brume a reproduit les Sidney Sime des recueils de Dunsany, certes... Mais il y a tant à (re) faire.
Oui, je m'en souviens très bien. Même si je n'ai jamais vraiment été satisfait par la qualité des reproductions (surtout chez Terre de Brume), ces ouvrages avaient le mérite d'exister.
Chez Corentin, d'autre part (mais je vais sans doute paraître très exigeant), ils employaient des illustrations de contes pour en illustrer d'autres, ce que je trouve "malhonnête". Je pense surtout aux contes de Grimm illustrés par Rackham, dont ils avaient sorti deux sélections. Le problème étant qu'ils n'avaient pas les moyens d'investir dans une reproduction "à l'identique" des recueils originaux du début du XXe siècle, et de payer la traduction des inédits. Alors ils prenaient des contes déjà traduits, et ils ajoutaient les images de Rackham un peu comme ils pouvaient. Evidemment les grands classiques étaient illustrés, mais pour découvrir l'ensemble des oeuvres de Rackham, c'était un parti qui ne pouvait pas fonctionner, puisque bien des contes et des illustrations passaient à la trappe.
Je ne me souviens pas qu'ils aient abordé les Nielsen, mais ça ne m'étonne guère: c'est la même école :-)
Non, vous n'êtes pas spécialement exigeant... J'ai de chez eux un ou deux Dulac ; et j'avais eu l'occasion (je ne sais plus pourquoi ni comment) de leur confier un exemplaire du Dulac de Colin White, dont la couverture reproduisait The Ice Maiden. Hélas... Je ne l'ai jamais revu. Père Corentin, si vous êtes encore de ce monde !
Aux dernières nouvelles (qui datent, cependant), Père Corentin avait mis la clef sous la porte, et s'était enfui dans les Pyrénées.
Le crime ne paie pas. Et mon Colin White est peut-être passé aux pattes des ours.
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