lundi 10 septembre 2007

La reine des abeilles

Ca y est, j'ai envoyé ma thèse à l'université, il ne me reste plus qu'à envoyer le reste aux membres du jury, et à attendre sagement avant de préparer la soutenance. Comme je suis content, je fais profiter tout le monde de mon travail, et vous présente les deux illustrations que j'ai mises en page de titre.
En tête du premier volume une illustration pour "The Queen Bee" de Walter Crane, 1882:

Et en tête du second volume, exactement le même passage du même conte par Arthur Rackham, en 1900:

Ce qui m'a plu dans ces deux illustrations, c'était leur évidente parenté. Rackham s'est visiblement inspiré de Crane en adoptant la forme circulaire du médaillon (les deux illustrations sont en cul-de-lampe, placées à la fin du conte). Et puis indépendamment, elles sont toutes les deux très belles, je trouve.
"The Queen Bee" est la traduction anglaise du conte de Grimm n°62, connu en traduction française sous le nom de "La reine des abeilles". Le passage représenté constitue la troisième épreuve du héros, après laquelle le chateau sera désenchanté:

"Mais la troisième épreuve était la plus difficile, car il s'agissait de désigner, entre les trois princesses endormies, toutes trois filles du roi, la plus jeune et la plus jolie. Or, elles se ressemblaient absolument, et la seule différence qu'il y avait entre elles était le genre de sucrerie qu'elles avaient mangé juste avant de s'endormir: l'aînée avait mangé un morceau de sucre candi, la seconde avait goûté un peu de sirop, et la cadette avait mangé une cuillérée de miel. Ce fut la reine des abeilles que le Benêt avait sauvées du feu, qui arriva à son secours; elle goûta aux lèvres de chacune des trois princesses et se posa sur la bouche de celle qui avait mangé du miel, permettant ainsi au jeune prince de désigner celle des trois qui était la cadette." (Traduction Armel Guerne)

Cette évocation de princesses endormies, qui de plus se ressemblent comme trois gouttes d'eau, ne pouvait que plaire aux deux artistes anglais, tous deux férus d'art préraphaélite, et notamment de celui de Burne-Jones qui est obsédé par l'imagerie des belles endormies et par la répétition à l'identique des mêmes visages féminins. Ici "The Briar Bower" (tiré de Grimm), par Burne-Jones, une huile sur toile de 1886-1890:


En ce qui me concerne, j'ai choisi également ces deux compositions parce qu'elles renvoient à l'abeille, et que l'abeille est, notamment dans l'antiquité gréco-romaine, symbole d'éloquence, de poésie et d'intelligence. Une abeille vient selon la légende se poser sur les lèvres des grands poètes (Pindare) ou des grands philosophes (Platon). Si une abeille vient se poser sur les lèvres de la cadette, c'est donc certainement pour en faire une porteuse de bonne parole. J'interprète du coup ces trois princesses endormies comme des muses, dont l'éveil est nécessaire afin que le Benêt puisse accéder à l'intelligence et à la parole. Et mieux vaut acquérir une parole de miel qu'une parole sucrée ou sirupeuse...
Intelligence, poésie, éloquence, toutes qualités dont j'aurais personnellement besoin lors de ma soutenance, en espérant que ces trois muses deux fois inscrites en mon(ma) mémoire puissent m'apporter leur appui.

4 commentaires:

David Teller a dit…

Ça y est, c'est envoyé ? Tu peux respirer ? Alors bon Wall Street repos du guerrier.

Hervé-Philibert le jardinier a dit…

Félicitations,

Hervé-Philibert le jardinier a dit…

Oups, la fin du commentaire a été tronquée:
Félicitations, donc, et bonne chance pour ce qui reste.

Lamousmé a dit…

et bien moi j'aimerais drolement la lire cette thèse!!!! :o)