samedi 8 septembre 2007

Dieux américains

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu en dehors de ma thèse, et encore plus longtemps que je n'avais pas lu du roman de genre contemporain. Cela m'a fait d'autant plus plaisir que Neil Gaiman, dans American Gods, s'est trouvé près de mes centres d'intérêt habituels: la mythologie, le folklore, etc.

Le livre raconte une espèce de nouveau Ragnarok, où les anciens dieux des différentes ethnies des USA, en passe d'être oubliés, sont confrontés aux nouveaux dieux tout puissants mais arrogants des médias, de l'internet, de la voiture, etc. Au milieu des anciens dieux, on retrouve des figures du folklore américain, comme Johnny Appleseed par exemple, ce qui est intéressant dans la mesure où religion et folklore sont en effet indubitablement liés. Il en résulte un commentaire sur les Etats-Unis modernes, mais surtout une réflexion, je pense, sur l'identité nationale américaine, qui s'est construite à partir d'une pluralité culturelle pourtant très rapidement niée au profit de la culture de la technique et de la modernité. Comme très souvent, folklore et identité nationale sont aussi intimement liés que le sont religion et folklore...

Neil Gaiman le dit à plusieurs reprises: l'Amérique n'est pas une terre pour les dieux venus d'ailleurs. Corollaire de cette dernière affirmation, qui est une thèse à mon sens très intéressante: chaque dieu est lié à un territoire donné, en dehors duquel il perd de sa puissance. A la fin du roman, on retrouve Odin dans ses terres, c'est-à-dire en Scandinavie, terre qu'il n'aurait peut-être jamais dû quitter. Le paradoxe des Etats-Unis étant d'avoir, en tant que nation, été fondés sur une religion étrangère au territoire, celle du christianisme importé d'Europe. Ci-dessous Odin chevauchant Sleipnir, image issue d'un manuscrit islandais du 18e siècle.



Je n'ai malheureusement pas lu le roman en version originale, et je pense que beaucoup d'allusions ont été gommées dans la traduction (le personnage d'Odin qui se fait appeler Wednesday, c'est-à-dire étymologiquement Jour de Wotan, se fait appeler Voyageur dans la traduction française de Michel Pagel...). Je conseille donc évidemment aux amateurs de le lire en VO. Si vous recherchez une "écriture artiste", abstenez-vous, par contre: Neil Gaiman se situe résolument dans un créneau de langue populaire, plein d'argot, de noms de marques, etc. Plus d'informations ici sur ce bon roman très riche d'idées et très vivant.

2 commentaires:

Nicolas Legrand a dit…

Ce roman est cool, je l'aime bien aussi. Je te conseille la lecture d'Anansi Boys du même auteur, il est très très sympathique et devrait te plaire.

Le super livre que j'ai lu cet été c'est Last light of the sun de Guy Gavriel Kay. Je compte l'offrir à Martin car il m'a beaucoup fait penser à lui et aux parties de jeu de rôle qu'il nous a fait. Si tu aimes les vikings, les anglais, les galois et les fées, je te le conseille aussi.

François a dit…

Il a l'air bien ce livre, en effet! J'espère juste que ça ne fait pas trop Héroïc Fantasy habituelle, ce que j'avais déjà lu de Gavriel Kay (La Tapisserie de Fionavar) m'avait laissé sur ma faim, et je n'en garde aucun souvenir.