mardi 21 avril 2009

Romantiques américains

Walt Whitman

On ne se refait pas, j'ai été, je suis, et je suppose que je serai encore longtemps fasciné par les romantiques. Aussi bien ceux d'hier que ceux d'aujourd'hui. Aussi, la découverte d'un pan pour moi totalement inconnu de ce mouvement a été ces dernières semaines un événement assez important.
Le premier pas a été franchi il y a environ un mois, quand j'ai découvert la poésie de Walt Whitman, dont j'ai lu quasi intégralement, d'une traite, les Feuilles d'herbe dans leur version de 1855. Je l'ai lu dans le Lot, en pleine nature, comme doit, à mon sens, être lue la poésie, et spécialement cette poésie-là. Totalement happé par le panthéisme de Whitman, qui veut tout inclure dans son éloge de la vie, j'ai néanmoins été légèrement déçu par le travail de la langue, qui, est-ce l'effet de la traduction?, fait un usage un peu trop abondant de l'anaphore, et ne se renouvelle pas assez à mon goût dans ses effets. L'aspect extatique de sa poésie en prose m'avait néanmoins convaincu qu'il y avait là quelque chose à fouiller, un os à venir ronger.

L'étape suivante, en revanche, a constitué un véritable événement. Je n'avais jamais lu Thoreau, et n'en avais entendu parler que très récemment, mais le petit livre édité très soigneusement par Finitude, une petite maison d'édition bordelaise, m'a vraiment... je ne sais comment dire. C'est vraiment le coup de foudre. Rarement un livre m'a autant, non véritablement impressionné par son envergure ou son intelligence, mais remué personnellement. J'y retrouve toutes mes obsessions, mais également celles du siècle. La prose de Thoreau est pétrie d'un rejet du monde moderne, dans ce qu'il a d'aliénant s'entend, et du désir de revenir au monde. De ne pas fuir le monde, mais de revenir à lui. L'éloge des pommes sauvages n'est évidemment qu'un prétexte pour l'auteur à parler d'autre chose: du plaisir de la marche, de la contemplation des espaces sauvages, de la cause écologique - voire de celle de la décroissance -, et même des légendes et des mythes, qu'ils soient antiques ou bibliques...

Du coup, c'est toute une généalogie d'écrivains américains qui se dessine, et qui m'ouvre de grands bras accueillants. Charlotte avait lu un article sur Rick Bass dans le Matricule des anges, et découvert la piste de John Muir entre les pages de l'écrivain. Par ailleurs, elle découvrait et me faisait lire les poèmes de Ralph Waldo Emerson, dont elle traduit quelques-unes des oeuvres pour un prochain numéro de la revue Mir (à paraître).

John Muir

Entre Emerson et Rick Bass, il y a Whitman, Muir, Thoreau, et bien d'autres. Toute une lignée, dont la découverte est d'autant plus enthousiasmante qu'elle s'est faite hors des bancs de l'université. Par ailleurs, je constate que les uns comme les autres sont publiés (entre autres, bien sûr) par l'une de mes maisons d'édition préférées. Décidément, tout se ligue pour m'amener à penser que non, tout espoir n'est pas mort de recueillir, partager et contempler la beauté du monde.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tous ces textes que j'aime aussi et si rarement lus...Est-ce que je peux me permettre de vous recommander la lecture Sarah Orne Jewett "Le pays des sapins pointus", de très beaux passages...et Kenneth White à qui tous cela mène tout naturellement.
Merci pour votre blog sublime.

François a dit…

Kenneth White, bien sûr! J'en parlais dans un précédent billet sur le chamanisme. Merci pour la piste de Sarah Orne Jewett, ainsi que pour votre compliment, que j'estime immérité: "sublime" est un mot bien grand pour ce que je fais.

Dominique a dit…

Ce petit livre est un bonheur, acheté parce que c'était Thoreau j'ai pris un vrai plaisir à la lecture, on se perd dans le verger sauvage ou non, l'odeur des pommes, la couleur du cidre
Un plaisir sensuel
Heureuse d'avoir découvert votre blog

François a dit…

Heureux que ce blog vous ai découverte.