
dimanche 12 octobre 2008
The Way of All Flesh

samedi 11 octobre 2008
Jamais deux sans trois
Le samedi 22 novembre à 9 heures, dans la salle des Colloques de l'université Grenoble 3-Stendhal, aura lieu la soutenance de la troisième thèse française sur les contes de Grimm. La première étant celle d'Ernest Tonnelat, en 1912, et la deuxième étant... la mienne, l'année dernière, quoique je n'aie étudié les contes que de seconde main, et que mon objet principal ait été les illustrations.
La thèse de Natacha Rimasson-Fertin a pour objet une étude comparée, à la fois littéraire et anthropologique (histoire des croyances populaires), des contes de Grimm et d'Afanassiev. C'est un doctorat d'allemand, qui a pour titre:
L'autre monde et ses figures dans les Contes de l'enfance et du foyer des frères Grimm et les Contes populaires russes d'A. N. Afanassiev.

Je précise simplement que Natacha est la traductrice de la prochaine édition critique des contes de Grimm, à paraître l'année prochaine chez Corti. Bon courage à elle pour la dernière ligne droite.
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jeudi 9 octobre 2008
Jackson, Del Toro, Rackham, Tenniel au pays des merveilles

Très amusant compte-rendu d'interview de Guillermo Del Toro, le réalisateur des deux Hellboy et du Labyrinthe de Pan, où l'auteur du billet développe les liens entre ce dernier et Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Où l'on apprend notamment que Guillermo Del Toro va tourner prochainement Bilbo le Hobbit en Nouvelle-Zélande, que les deux réalisateurs collectionnent les jouets, et que Del Toro est particulièrement amateur... des livres illustrés par Arthur Rackham et Edmond Dulac. Qui ne sont que très rarement, n'en déplaise à Aurélien Ferenczi, l'auteur du billet, des "romans victoriens", mais plutôt, en général, des classiques de la littérature mondiale, et en particulier de la littérature merveilleuse et légendaire.
Quand on voit certaines images de Del Toro, surtout dans Le Labyrinthe de Pan, il est évident qu'elles rappellent les images de Rackham, et les illustrations victoriennes en général. Comment ne pas penser aux illustrations de Tenniel pour Alice au Pays des Merveilles en voyant le costume bien apprêté de cette petite fille, et à celles de Rackham quand on voit cet arbre tordu, aux formes évocatrices? De même, dans l'image ci-dessous, l'héritage d'Alice au Pays des Merveilles est flagrant, avec son imagerie de petite fille rentrant dans un terrier et arrivant dans un long couloir souterrain qui l'achemine vers l'Autre Monde. A la différence que la version de Del Toro de l'Autre Monde est bien plus terrifiante que celle de Carroll, et qu'elle doit autant à Lovecraft ou à Clive Barker qu'à l'auteur d'Alice.

Pour information, Alice est représentée par John Tenniel, selon les injonctions de Lewis Carroll lui-même, comme une petite fille aux cheveux longs et blonds.
Lewis Carroll, portrait d'Alice Liddell, années 1860.
Arthur Rackham, illustration pour Alice, 1906.
C'est sous cette forme de petite fille aux longs cheveux blonds que l'on connaît généralement le personnage d'Alice, mais tous les illustrateurs ne l'ont pas représentée comme telle. Ainsi Charles Robinson, toujours en 1907, représente Alice les cheveux bruns, au carré... La très intéressante version en album, illustrée récemment par Jong Romano, représente encore une fois Alice brune avec une coupe mi-longue, mais avec des couettes cette fois-ci, histoire de la moderniser un peu. Tout se passe comme si nous n'avions que deux représentations possibles du personnage d'Alice: les cheveux courts (ou plutôt mi-longs) et bruns, ou longs et blonds. Le parti de Guillermo Del Toro, pour faire allusion au personnage de Carroll, a été de faire référence au type, sinon le moins fréquent, du moins le moins connu: celui aux cheveux bruns et mi-longs. Justement pour que sa référence au personnage de Carroll reste une simple allusion, et ne relève pas de l'évidence absolue.
Quant à l'influence des images de Rackham sur ce film, c'est une autre histoire. On a déjà vu les formes d'arbres tordus, qui doivent peut-être autant à l'univers de Tim Burton qu'à celui de Rackham (mais Tim Burton connaît très probablement lui-même très bien l'oeuvre de Rackham). Qu'il nous soit juste permis de faire allusion au livre que tient Ofélia au tout début du film (mes excuses si je n'ai pas d'image à montrer): c'est un livre de conte de fées illustré en silhouettes, genre de représentation dans lequel s'est particulièrement illustré Arthur Rackham...

Pour information, Alice est représentée par John Tenniel, selon les injonctions de Lewis Carroll lui-même, comme une petite fille aux cheveux longs et blonds.
Mais la véritable Alice, Alice Liddell, dont Lewis Carroll s'inspire pour écrire Alice au Pays des Merveilles, est connue par des photographies (toujours de Lewis Carroll) où elle porte ses cheveux bruns dans une coupe courte, au carré.

Quand Rackham illustrera à nouveau Alice au Pays des Merveilles en 1907, il suivra le parti de John Tenniel, qui avait été, sous les injonctions de Lewis Carroll, de dissimuler l'identité d'Alice Liddell sous une perruque blonde.

C'est sous cette forme de petite fille aux longs cheveux blonds que l'on connaît généralement le personnage d'Alice, mais tous les illustrateurs ne l'ont pas représentée comme telle. Ainsi Charles Robinson, toujours en 1907, représente Alice les cheveux bruns, au carré... La très intéressante version en album, illustrée récemment par Jong Romano, représente encore une fois Alice brune avec une coupe mi-longue, mais avec des couettes cette fois-ci, histoire de la moderniser un peu. Tout se passe comme si nous n'avions que deux représentations possibles du personnage d'Alice: les cheveux courts (ou plutôt mi-longs) et bruns, ou longs et blonds. Le parti de Guillermo Del Toro, pour faire allusion au personnage de Carroll, a été de faire référence au type, sinon le moins fréquent, du moins le moins connu: celui aux cheveux bruns et mi-longs. Justement pour que sa référence au personnage de Carroll reste une simple allusion, et ne relève pas de l'évidence absolue.
Quant à l'influence des images de Rackham sur ce film, c'est une autre histoire. On a déjà vu les formes d'arbres tordus, qui doivent peut-être autant à l'univers de Tim Burton qu'à celui de Rackham (mais Tim Burton connaît très probablement lui-même très bien l'oeuvre de Rackham). Qu'il nous soit juste permis de faire allusion au livre que tient Ofélia au tout début du film (mes excuses si je n'ai pas d'image à montrer): c'est un livre de conte de fées illustré en silhouettes, genre de représentation dans lequel s'est particulièrement illustré Arthur Rackham...
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lundi 29 septembre 2008
Typographie

Dans mes recherches sur les Didot, j'ai trouvé un excellent site internet sur la typographie: Affaire Esperluette. Il y a plein d'explications sur les familles de caractères (humanes, réales, didones, linéales, etc.), ainsi que sur quelques polices très connues ou importantes historiquement (le Times, le Grandjean, le Garamond, le Caslon, le Baskerville, etc.) Vraiment très bien fait, ce site, je trouve. Je regrette juste qu'il n'y ait pas un peu plus d'exemples visuels: il y en a, mais pas sur toutes les pages.
vendredi 26 septembre 2008
Forêts scandinaves

J'ai écouté cet album pendant tout le mois d'août. Eternal Kingdom de Cult of Luna, lumière montante du post-hardcore à la Neurosis et Isis. Lumière nordique également: leur musique est très froide, et dégage une ambiance de forêt scandinave. Ce que j'ai aimé dans leur dernier album, sorti en juin dernier, c'est la musique bien sûr, avec ses passages de cor de chasse et ses ambiances froides et oppressantes, ainsi que le design du packaging (réalisé par Erik Olofsson, qui fait partie intégrante du groupe et est par ailleurs designer), qui est véritablement superbe avec ses réemplois de vieilles xylographies dans le livret, et sa splendide couverture dessinée par Pär Olofsson. Mais j'ai aussi surtout apprécié l'histoire qui a entouré sa création.


Dans son journal, Holger Nilsson explique comment sa femme a été tuée par le Näcken, qui est présenté par le groupe comme un équivalent suédois populaire de Satan, mais qui semble surtout, d'après Wikipedia, être l'équivalent masculin d'une nixe, et tient en tout cas la fonction d'un genius loci à caractère maléfique. On a notamment un très beau et suggestif nokken norvégien représenté par Kittelsen.

Cult of Luna, dans les paroles de son album et le déroulement de ses morceaux, ne ferait que reprendre, à sa manière, l'histoire de Holger et son univers de forêt nordique peuplée de bons et de mauvais animaux se livrant une lutte éternelle. L'histoire ressemble point pour point, sinon à un conte de fées, du moins à un récit tiré du folklore, type mémorat ou légende. Je ne sais pas si ce journal de Holger est une invention complète du groupe destinée à mieux vendre leur album ou bien une histoire vraie, toujours est-il qu'elle est très réussie. La conjonction du récit d'un fou et d'un récit de type folklorique, avec le Näcken comme source de tous les maux, produit un mélange détonnant, où l'on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Je ne sais pas si Cult of Luna a inventé cette histoire, ou si Holger Nilsson a réellement existé; je ne sais pas, dans le cas où Cult of Luna n'aurait rien inventé, si Holger Nilsson était fou, s'il a été victime de ses croyances superstitieuses, s'il a mêlé sa folie à ses croyances, ou s'il a vraiment vécu les choses telles qu'il les a racontées. Mais je sais que j'adore cette incertitude, et c'est ce mélange des réalités que, personnellement, j'appelle le merveilleux.
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