jeudi 21 mai 2009

Comus de retour


John Milton (1608-1674), l'auteur du Paradise Lost (1667), ne s’imaginait pas en écrivant le "masque" Comus (1634), qu'il donnerait son nom à un groupe de folk des années 70 ; lequel groupe ne savait pas non plus en écrivant le morceau Drip Drip, qu'il inspirerait le nom d'un des albums du groupe suédois Opeth.


Belle histoire de ce groupe qui après un premier album culte en 1971, suivi d’un second en 1974, est resté dans l’oubli jusqu’à ce que Mike Akerfeld les pousse à se reformer, si bien qu’ils joueront au Festival Equinoxe cet été.

mercredi 20 mai 2009

Grimm chez José Corti **

Petite mise à jour:
description des deux volumes sur le site de Corti ; et entretien avec la traductrice.

samedi 16 mai 2009

Le bruit du temps et la voix de Browning


Une nouvelle maison d'édition vient de naître en 2009, il y a quelques mois. Menée par Antoine Jaccottet (le fils du poète) et Cécile Meissonnier, transfuges de Gallimard, elle s'appelle le Bruit du temps, d'après le nom d'une oeuvre de l'écrivain russe Ossip Mandelstam. Le catalogue ne comprend pour l'instant qu'une poignée de titres, mais affiche déjà une politique éditoriale très ambitieuse et exigeante intellectuellement, pour l'instant essentiellement tournée vers la réédition de textes anciens.

Nous avons eu le loisir d'entendre un peu Antoine Jaccottet parler de son travail, et surtout de ses livres, hier soir à la librairie Le Livre, à Tours, qui fêtait ses 15 ans. Je partais d'un a priori négatif, me disant, au regard du site internet de la maison un peu trop bavard et "bien fait", que cela risquait d'être un brin guindé et narcissique. Et j'ai été heureusement surpris de voir un éditeur complètement passionné par les livres qu'il édite, qui ne parle pas de lui quand il parle de littérature, mais de littérature. Sa présentation de L'Anneau et le Livre de Robert Browning donnait vraiment envie de se confronter à ce pavé racontant en 21000 vers, à travers douze voix différentes, une sombre histoire de moeurs de l'Italie du 17e siècle. Quelques lectures de la traduction en prose de Georges Connes finissent de convaincre: il s'agit là d'un chef-d'oeuvre. Certes pas easy-reading, mais certainement pas non plus inaccessible et ennuyeux, contrairement à ce que la mauvaise réputation de poète victorien didactique de Browning pourrait laisser croire. A lire, donc, ainsi que d'autres textes du même éditeur, de Proust, Mandelstam, Auden ou James.
On voit par ailleurs que si la maison est nouveau-née, l'éditeur n'est certes pas débutant : ses premiers titres à peine publiés, il propose sur son site un catalogue très détaillé, ainsi que la possibilité de feuilleter les premières pages du livre sur écran, enfin les livres bénéficient d'une excellente maquette, et d'un prix marketing reposant sur la règle bien connue de ne pas afficher de chiffre rond (L'Anneau et le Livre coûte 39 euros). On voit ici qu'on joue dans la cour des grands, et le jeu est d'autant plus agréable que la valeur littéraire des oeuvres comme leur présentation matérielle sont d'une qualité irréprochables.
Bon vent au bruit du temps, qui recueille la rumeur des âges!

jeudi 14 mai 2009

Grimm chez José Corti *

J'en parlais l'année dernière, ça y est, c'est fait, je viens de recevoir mes exemplaires. L'édition José Corti des contes de Grimm est sortie, dans une version traduite, commentée et postfacée par Natacha Rimasson-Fertin. Je ne crois pas être autorisé à diffuser de visuels pour l'instant, mais le coffret est je trouve très réussi, utilisant une illustration en silhouettes de Dora Polster, une illustratrice allemande du début du XXe siècle.

Même si je n'ai qu'une part très peu importante dans la réalisation de cet ouvrage (essentiellement, j'ai choisi les illustrations et rédigé une courte postface, p. 505-509 du 1er tome, et mon nom n'apparaît pas en page de titre), vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis content de tenir l'ouvrage entre mes mains. Justice est enfin rendue à l'oeuvre des Grimm.

Enfin, je vais pouvoir présenter le nom des illustrateurs que vous pourrez trouver dans ces deux gros volumes quand vous vous rendrez dans votre librairie à partir de la troisième semaine de ce joli mois de mai:

George Cruikshank


Ludwig Emil Grimm
(illustration non présente dans le livre, c'est une autre version de la même image qui a été choisie au final)



Bertall

En somme, que des illustrations d'époque, du vivant des frères Grimm. Un illustrateur allemand (le cadet de Jacob et Wilhelm), un français, et un anglais dans la mesure où Cruikshank joue un peu le rôle de passeur entre l'Allemagne et la France au cours de la diffusion des contes de Grimm. Plus de détails dans ma postface...

dimanche 3 mai 2009

Le Vent dans les Saules, deux éditions critiques

Illustration d'Arthur Rackham pour le Vent dans les Saules, 1939.

A l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de l'auteur du Vent dans les saules, deux éditions critiques du chef-d'œuvre de Kenneth Grahame sont publiées en langue anglaise. Une occasion de relire ce splendide récit avec quelques notes permettant de mieux le comprendre, même si (voir lien ci-dessus) les annotations sont toujours sujettes à caution... surtout quand les éditions critiques en question sont publiées, je le suppose, à la va-vite à l'occasion de jubilés comme celui-ci.

Il reste qu'une édition annotée et critique d'un classique de la littérature enfantine est un projet de livre possible et visiblement viable dans le monde anglo-saxon, chose qui n'est semble-t-il pas encore possible en France. A part l'édition de Marc Soriano pour les contes de Perrault (et très bientôt celle de Natacha Fertin pour ceux de Grimm), vous en connaissez beaucoup, vous, des éditions critiques de littérature pour enfants? Quand vous trouverez une édition correcte (je ne parle pas de la traduction, mais d'un système de notes et d'une introduction potables), en français, d'Alice au pays des merveilles ou de Peter Pan, je vous encourage à me la signaler, je serais très heureux d'en apprendre l'existence. Ce serait en tout cas le genre de projet éditorial qui permettrait non seulement de mieux connaître les œuvres, mais également de rectifier un tant soit peu certaines des idées reçues qui les accompagnent encore trop souvent (Carroll et Barrie pédophiles, Carroll consommateur de drogues - « mais oui, la preuve c'est le mille-pattes qui fume! » -, etc.).

(paru en mai 2009)